C’est un fait, les sites de rencontres type Meetic ou Attractive World cartonnent en France. Toutefois, le décor n’est pas si rose qu’il n’y paraît. Cet article fait le point à ce sujet.

Selon les statistiques, la majorité des rencontres se font au boulot ou à un dîner entre amis. Mais « moi, je pense que l’amour, le vrai n’a rien à faire des statistiques (…). Moi, je pense que les belles rencontres, elles se font partout mais surtout ailleurs ».

Qui n’est pas tombé à la télé ou au ciné sur cette pub pour Meetic, leader des sites de rencontres, réalisée par Maïwenn, et disons-le, plutôt pas mal ? Moins guimauve, plus sensible. Pour peu qu’on soit célibataire, elle donnerait carrément envie d’y croire, à cette « belle rencontre », cette promesse de bonheur à deux.

La réalité « n’est pas si idyllique », écrit le journaliste Guillaume Rose, dix ans de pratique de ces sites et un constat amer (et drôle) qu’il détaille dans son dernier livre. Oui, de vraies rencontres amoureuses se nouent grâce au Net, affirme le journaliste, mais pour combien de déçus, de cruels râteaux, d’inscrits pris au piège du jeu de la séduction illimitée ?

De nouveaux sites l’ont bien compris, qui affichent clairement la couleur. Tel, Adopteunmec. com : ici, pas de promesse du grand amour mais celle d’une « consommation » assumée. La cynique vérité de la rencontre sur la toile ?

Stéphane Rose est journaliste. Pendant dix ans, il a fréquenté des sites de rencontres et en a tiré Misere-sexuelle.com, Le livre noir des sites de rencontres. Ou le mythe du grand amour sur le Net. Au début, vous placiez sans doute beaucoup d’espoir dans ces sites. La déconvenue est-elle arrivée rapidement ?

« Dans mon cas, ça a été l’inverse. Ça a presque trop bien marché. J’ai rencontré beaucoup de gens très facilement et je suis tombé dans le travers de l’addiction : j’ai fait du “zapping”. De manière générale, les sites de rencontres ont tendance à décupler nos névroses. Si vous êtes prédisposé à l’addiction, vous devenez accro aux rencontres et au site lui-même. »

Qu’est-ce qui fait qu’on devient accro au point d’oublier la motivation initiale, la rencontre amoureuse ?

« Sur un site de rencontres, ce n’est pas une personne croisée dans la rue, c’est potentiellement mille personnes proposées comme sur catalogue. On engage la discussion, non pas avec une, mais deux, trois personnes à la fois, on décroche des rendez-vous et on y va. Et si on ne sait pas ce qu’on veut, on recommence. Il y a des gens qui n’en sortent jamais et ne veulent pas du reste : elles finissent pas trouver ringardes certaines idées comme l’amour, le romantisme et développent un certain cynisme. On peut s’en sortir en se blasant : à force de rencontrer des gens facilement, de multiplier les rencontres, il n’y a plus de magie, d’émerveillement. Cela devient quelque chose qu’on “gère”. La spontanéité n’existe pas sur le Net. On est dans une dimension consumériste basée sur des critères : mensurations, photo, profession, salaires… »

Et si on ne répond pas à ces critères ?

« Quand on ne séduit pas dans la vraie vie, on ne séduit pas plus sur Internet. Sur un site de rencontres, on se présente comme un ensemble de valeurs de séduction (beauté, salaire, etc.), quelqu’un qui n’a rien à vendre sera confronté à sa solitude. Il ne sera pas attiré par quelqu’un comme lui, parce que lui aussi veut le haut du panier : c’est une espèce de mur du silence d’autant plus douloureux que prendre un râteau dans la rue, ça peut vous arriver une fois par mois, sur le Net, ça peut être mille râteaux qui vous catapultent vers votre solitude.»

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